Omezzine Khélifa

Omezzine Khélifa, 35 ans,
Consultante en Politiques Publiques et Présidente de Mobdi’un – Creative Youth

Omezzine est consultante en politiques publiques, secteur financier et gestion des finances publiques. Elle a effectué un nombre important de consultations en Tunisie et à l’international. Elle est également présidente de l’association Mobdi’un – Creative Youth pour l’inclusion sociale des jeunes et la transformation sociale à travers l’art, la culture, le sport et la technologie. Nommée “New Voices” Fellow par Aspen Institute en 2017, Young Global Leader par le World Economic Forum en 2014 et désignée parmi les Top Global Women du Diplomatic Courier en 2013, elle a reçu de nombreuses autres distinctions dont le prix “Leaders for Democracy” remis par l’ONG Project On Middle East Democracy en 2012. Généreuse, engagée, ambitieuse, et pleine d’énergie découvrez le parcours d’Omezzine plus en détails.

Racontez-nous vos débuts et où avez vous fait vos études ?

J’ai fait l’école publique jusqu’au baccalauréat, section mathématiques. J’ai poursuivi mes études dans une classe préparatoire en France, à Marseille puis j’ai fait des études d’ingénieur en Grandes Écoles Françaises en télécommunications avec une spécialisation en informatique.Racontez-nous votre passage dans la Finance en France?

J’ai commencé ma carrière dans la finance et plus précisément en support aux salles de marchés en 2006. L’ambiance était très dynamique, très “challenging”…et peut-être un peu trop masculine. J’étais d’ailleurs la première et la seule femme à intégrer l’équipe d’analyse de risque et de pricing des produits dérivés des actions et des indices. J’ai souvent été dans cette configuration dans ma carrière. J’ai travaillé cinq années dans la finance au cours desquelles j’ai effectué des missions auprès de banques leaders du marché et d’éditeurs de logiciels financiers.Et le retour en Tunisie alors ?

J’ai pris la décision de quitter la France lorsque la révolution a commencé en Tunisie. Je suis rentrée en Tunisie post-révolutionnaire, en janvier 2011, pour m’engager pleinement dans la transition vers la démocratie. Après quelques mois politiquement intenses, durant lesquels j’ai contribué, avec l’ensemble des militants, à consolider les structures de mon parti politique, j’ai rejoint le gouvernement de coalition en tant que conseillère auprès des ministres du Tourisme, puis des Finances où j’ai travaillé sur les dossiers de la réforme fiscale, la transparence budgétaire et l’Open Gov ainsi que la coopération internationale.Que faites-vous aujourd’hui ?

Aujourd’hui, j’ai essentiellement deux casquettes: je suis consultante pour la Banque Mondiale. Je coordonne un fonds fiduciaire qui appuie les réformes du gouvernement tunisien au niveau du secteur financier, de la gouvernance et de la décentralisation. Je suis également la fondatrice et présidente de l’association Mobdi’un – Creative Youth qui analyse, mobilise et agit pour l’inclusion sociale des jeunes à travers les arts, la culture, le sport et les technologies.

Ma journée type commence
par un réveil matinal,
une méditation de 10 minutes.Racontez-nous votre journée type ? Quel est votre moment favori de la journée ?

Ma journée type commence par un réveil matinal, une méditation de 10 minutes. Puis, je vérifie mes mails professionnels, associatifs et personnels ainsi que mes différentes messageries pour identifier les urgences de la journée et établir mes priorités. Ensuite, je nourris et abreuve les deux petits chats qui partagent ma vie et j’enchaine la rédaction de rapports, les confs calls et les réunions. Je voyage aussi beaucoup pour intervenir sur des sujets qui me tiennent à coeur dans des événements internationaux ou pour participer à des ateliers en relation avec mon travail ou Mobdiun – Creative Youth. Le meilleur moment de ma journée? Jouer avec les chats qui viennent me réveiller en réclamant des câlins.

Interviews

Quelle personne vous inspire dans votre parcours professionnel ?

Ah, question difficile! Je dirais que j’admire Christine Lagarde qui a su redorer le blason du FMI après le scandale de DSK. Première femme leader de l’une des organisations les plus puissantes de ce monde, elle y a renforcé la position des pays émergents et y a introduit de nouvelles questions cruciales telles que la place des femmes dans la société, les inégalités sociales ou le changement climatique.Votre citation favorite ?

Abou El Kacem Echebbi et un extrait de son poème La volonté de vivre.
“Et qui n’aime pas gravir les montagnes,
Vivra parmi les trous jusqu’à la fin des temps”.
C’est un vers que j’aime beaucoup car il appelle à la prise de risque, il incite à avoir de l’ambition et à aimer les grands défis, majestueux comme les montages. Et pour ceux et celles qui ne sont pas prêts à entreprendre ces défis, il n’y a que médiocrité éternelle, celle des trous, insignifiants et invisibles du haut des montagnes. Voici le passage complet, ce sont les paroles du vent:

« Lorsque je tends vers un but,
je me fais porter par l’espoir
et oublie toute prudence ;
Je n’évite pas les chemins escarpés
et n’appréhende pas la chute
dans un feu brûlant.
Et qui n’aime pas gravir les montagnes,
Vivra parmi les trous jusqu’à la fin des temps ».
En arabe c’est encore plus puissant !

Cela fait 11 ans que vous travaillez, quel est le conseil que vous auriez aimé que l’on vous donne il y a dix ans et que vous voudriez partager avec les Ms. M qui débutent leurs carrières ?

“Tu as déjà ce qu’il faut en toi, toutes les qualités mais aussi les défauts qu’il faut pour avancer. Tes imperfections sont aussi ta force, c’est uniquement en réalisant cela que tu seras toi-même, entière et authentique et que plus rien ni personne ne pourra t’arrêter”. J’aurais aussi aimé qu’on me dise de “Ne pas avoir peur des périodes difficiles, cela nous fait découvrir nos faiblesses et nous apprend à les surmonter pour devenir plus fortes”Quel est le meilleur conseil professionnel qu’on vous ait donné ?

Une expérience un peu lointaine où je me sentais un peu frustrée de ne pas contribuer à des réunions de haut niveau. Mon manager de l’époque m’avait appris à changer d’état d’esprit et à aborder ces réunions comme des moments d’apprentissage privilégiés où j’avais la chance d’être entourée d’experts avec qui j’apprenais tous les jours de nouvelles choses.Parlons un peu hobbies, quels sont vos passe-temps?

Je suis fan de musique. J’aime chanter et mon instrument favori est la guitare, j’en joue beaucoup. Mon groupe favori : Pearl Jam! Récemment, je me suis également mise au kitesurf qui a nécessité une bonne préparation physique. J’adore la sensation de maîtrise sur l’eau et de liberté à l’envol!

Interviews

The Amina Top,
c’est le prénom de ma mère (rire).
Mais surtout, il est simple et élégant.
Sans chichis.Quels sont vos pièces favorites de la collection et pourquoi ?

The Amina Top, c’est le prénom de ma mère (rire). Mais surtout, il est simple et élégant. Sans chichis.De retour à Tunis après quelques années passées à l’étranger, qu’est-ce qui vous a le plus manqué quand vous étiez à l’étranger ?

En France, ce qui m’a le plus manqué c’était la disponibilité des gens. La simplicité des interactions entre les personnes. A Tunis, c’est facile, on peut appeler quelqu’un, un ami ou un proche “tu fais quoi, on sort ?” et dans la demi heure avoir un programme de planifié.Parlez-nous de votre expérience dans l’associatif et Mobdiun – Creative Youth?

L’aventure a débuté il y a bientôt trois ans. Je venais de perdre les élections parlementaires et je faisais le bilan de mon engagement depuis la révolution et jusqu’à ce jour-là. A l’époque, on venait de vivre deux assassinats politiques et cela faisait 3 ans qu’on entendait parler des jeunes Tunisiens qui allaient rejoindre Daesh en Irak et en Syrie. Pourtant je n’entendais personne se demander la question qui me semblait essentielle: pourquoi est-ce qu’un jeune serait attiré par une organisation telle que Daesh? Le débat uniquement tourné sur l’aspect sécuritaire de la lutte contre le terrorisme négligeait à mon sens, les aspects de développement. On ne touchait que la surface de la question, on ne faisait que discuter des symptômes sans s’attarder sur les causes profondes de la radicalisation et les différentes vulnérabilités dont souffrent les jeunes. Ainsi Mobdiun – Creative Youth s’est formé pour écouter les jeunes, comprendre les raisons de leurs frustrations et agir pour leur apporter des solutions concrètes pour qu’ils prennent leur destin en main et travaillent pacifiquement à améliorer leurs conditions de vie. Depuis sa déclaration officielle au JORT en mai 2016, Mobdiun – Creative Youth a encadré environ 600 jeunes de 12 à 18 ans vivant dans les quartiers populaires du Kram Ouest et Bab Jedid. Mobdiun – Creative Youth a permis d’emmener tous les élèves du collège de Bab Jedid visiter l’exposition « L’Eveil d’une Nation » au palais Khereiddine alliant art, histoire, citoyenneté et identité. Mobdiun est également en train de réaliser une recherche avec les jeunes du Kram Ouest pour comprendre leurs conditions de vie et proposer des recommandations au gouvernement, au secteur privé et à la société civile pour répondre à leurs besoins prioritaires.

https://www.facebook.com/Mobdiun/
www.mobdiun.org

Dans un monde où il n’y a plus une voie mais de multiples possibilités, quels sont vos conseils pour mieux se préparer à une transition dans sa carrière ?

Chaque personne devrait pouvoir trouver ce qui l’anime au plus profond d’elle même et de pouvoir vivre en totale harmonie avec ses convictions. Mon conseil serait d’investir le temps qu’il faut pour apprendre à se connaître soi-même, à écouter la petite voix à l’intérieur de nous-mêmes pour ne jamais perdre le cap vers notre épanouissement personnel. C’est un investissement qui n’a pas de prix et qui n’arrêtera jamais de porter ses fruits.

Source: https://www.ms-marion.com/blog/ms-omezzine-khelifa-b17.html